ART GUERILLA
1 - DEPART A LA GUERRE
Persecute par des juifs hysteriques, traine en justice, lynche par la presse, lache par les artistes et les intellectuels, ruine par le boycott de mes disques et de mes spectacles, surveille par les flics, renie par ma famille, quitte par ma femme pour un rappeur, submerge par les insultes et les menaces de mort, barricade chez moi, combien de temps survivrais-je dans cette societe qui me hait?
Tel un juif allemand en 1933, j'avais le choix entre ne rien faire et tot ou tard me faire prendre au piege, emigrer aux Etats-unis et faire fortune dans l'immobilier, ou prendre le maquis et lutter contre l'ennemi jusqu'a la victoire ou la mort.
Pousse par le sens de l'honneur, c'est a dire la haine et la vengeance, je decidais de prendre le maquis : planque au fond de la jungle, tel un Che Guevara de l'art contemporain, je harcelerais la culture dominante par des operations commandos artistiques, des attentats suicide a la pudeur, aux bonnes moeurs et au politiquement sans odeur.
ART GUERILLA !
Un soir d'aout 1997, j'ai donc quitte la ville pour la foret, laissant derriere moi mon oeuvre, et mon chat avec 5 kilogs de croquettes.
Pour tout bagage, j'emportais un hamac, une machette, un fusil et un briquet, le minimum necessaire pour survivre dans les grands bois. Et, afin de poursuivre la lutte, j'emportais un ordinateur relie a Internet par un telephone portable, le tout alimente par un petit panneau solaire.
Ainsi, du fond de la jungle, a l'abri de mes ennemis, je pourrais continuer a faire chier le monde avec mon art de merde via les satellites et Internet!
ART GUERILLA !
2 - L'ENFER VERT
Mais la realite de la guerilla artistique en foret primaire s'avera autrement plus difficile que ce que j'avais imagine.
Des la premiere etape, les ennuis commencerent : je progressais tres lentement, devant me frayer a la machette un passage dans l'inextricable fouillis de lianes et de bambous epineux qui me laceraient. Sous les coups de machette, des milliers de fourmis tombaient brusquement des branches sur mon visage et mon dos, me mordant cruellement, tandis que les taons et les moustiques menaient leur ronde infernale.
Il pleuvait sans arret et le sol gorge d'eau etait plein de traitrises. Soudain je glissais dans la boue et m'etalais lamentablement, entraine par le poids de mon sac trop lourd. A peine m'etais-je releve que le sol se derobait et je tombais jusqu'a la taille dans des marais putrides dont je sortais a grand peine, couvert de sangsues.
Alors que je traversais une riviere en crue sur un vieux tronc branlant, je tombais a l'eau et me foulais une cheville en heurtant un rocher. Reussissant par miracle a saisir une racine, je m'extrayais du flot tourbillonnant qui m'emportait et me hissait a grand peine sur la rive.
J'avais eu de la chance dans mon malheur, mais mon equipement informatique (ordinateur et telephone portable) lui etait foutu. L'eau avait envahi les circuits electroniques et je pouvais dire adieu a mes projets de cyber-guerrilla artistique...
3 - LA DEBACLE
Epuise et decourage, je campais au bord de la riviere. Pourquoi etais-je venu me mettre dans cette galere?!
J'avais voulu echapper a l'enfer des hommes et j'etais tombe dans l'enfer vert!
J'avais voulu, du fond de la jungle, mener la cyber-guerilla contre la societe que je hais et, a peine parti, tout mon arsenal (ordinateur, portable...) etait deja hors d'etat de fonctionner!
Finalement mes detracteurs avaient raison : Costes n'est qu'un bouffon pretentieux, un minable, un incapable qui crie fort mais ne mene jamais rien a bien.
Accable par l'evidence de mon echec, je tentais de m'endormir malgre le harcelement des moustiques et des sombres pensees.
4 - LA NUIT DES ESPRITS
...Et la nuit fut tres longue, atrocement longue.
Les sens maintenus en eveil par les piqures des moustiques et les cris etranges et angoissants des animaux de la foret, je n'arrivais pa a trouver le sommeil.
A peine fermais-je enfin l'oeil que les frolements des ailes des chauves-souris me faisaient sursauter avec effroi, m'arrachant un cri.
Plus la nuit avancait et plus j'avais l'impression d'etre entoure par une multitude d'etres invisibles qui s'agitaient autour de moi, vombrissant, hululant, cassant des branches, s'approchant, m'encerclant, me menacant.
N'y tenant plus j'allumais ma lampe de poche, pensant attraper dans le rayon lumineux quelque bete immonde. Mais le faible halo rond ne revelait que des feuilles, des feuilles et des troncs, encore des feuilles a l'infini; et je me sentais paradoxalement tres seul au milieu de ce grouillant magma vivant de la nuit tropicale.
Soudain "ELLE" fut la, ou "IL" fut la, ou "ILS" furent la, je ne sais pas. Je ne savais ni qui ni quoi mais je savais que quelquechose etait la, quelquechose venu pour moi, pour moi seul.
Quelquechose qui m'observait, me guettait. Quelquechose que je ne pouvais voir ni entendre mais dont la presence etait si forte que j'en etais paralyse, totalement aux aguets mais totalement incapable de bouger.
Cette chose etait un poids, un peche, un reproche.
C'etait comme si Dieu jouait le jour du Jugement dernier rien que pour moi. J'etais le seul a etre juge ce soir. Autour de moi tout le monde s'en foutait; les insectes vaquaient a leurs conneries et les feuilles se balancaient. La routine quoi!
Mais pour moi c'etait la merde, le Grand Soir. "CA" me jugeait et "CA" allait me faire payer. Payer tres cher. Car "CA" ne rigolait pas du tout et irait jusqu'au bout (pas la peine de le baratiner).
Et je hurlais. Je hurlais sans cesse, recroqueville dans le hamac. Je hurlais si fort que meme les singes hurleurs se sont tus, saisis d'effroi a leur tour.
Et l'aube se leva et je hurlais toujours.
Et ce fut seulement quand le soleil eut desseche ma gorge que mon cri s'eteignit peu a peu, tari, epuise, eteint.
J'avais tout crie.
J'avais crie tout ces cris restes en moi et que je n'avais pas crie la-bas, en ville, dans mon autre vie, les cris contenus par peur, par politesse, par honte, parce que...
Et la, cette nuit la, "CA" m'a fait si peur; tout est sorti; tous les cris, toutes les peurs, toutes les horreurs...
et quand le matin vint, je n'avais plus rien a crier.
5 - LE PARADIS TERRESTRE
Je n'avais plus rien a crier et tout allait bien.
C'EST FAUX !5 - CONCIERGE EN AMAZONIE
Costes ment! Il vous la joue "grand baroudeur dans la jungle" mais en fait, pendant tout son sejour en Amazonie, il n'a jamais ete une seule fois dans la foret! Il a travaille comme CONCIERGE dans une hacienda !
Le matin, il balayait la maison du proprietaire, un riche creole.
A midi, il vidait les poubelles.
Le soir, il arrosait le jardin.
Et ne croyez pas qu'il bouffait du tapir a tous les repas. Non! Il bouffait du cassoulet en boite "a la creole"!
UNE FOIS IL EST ALLE DANS LA FORET,
MAIS FAUT VOIR POUR FAIRE QUOI !
6 - CACA DANS LE BOIS
Les seules fois ou Costes allait dans le bois,
c'etait pour faire caca.
Car le proprietaire voulait pas
qu'il utilise les toilettes de l'hacienda.
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